Le quarantième meeting aérien "Le temps des hélices" organisé par l'Amicale Jean-Baptiste Sally s'est tenu ce week-end de Pentecôte sur le terrain de La Ferté-Alais, situé au sud de Paris à proximité de Melun. De nombreux avions anciens, dont quelques vétérans des deux derniers conflits mondiaux, étaient présentés au sol ou en vol, pilotés par des passionnées qui se donnent à fond pour maintenir ces témoins de notre histoire en conditions de vol. Certains de ces appareils sont classés monuments historiques.
Les pilotes étaient prêts à l'aube, et sur l'aérodrome tout se prépare. Les mécaniciens plongent dans les entrailles des appareils pour que tout soit en ordre lors des présentations en vol de l'après-midi. Partout les équipes de l'organisation s'affairent pour que tout soit prêt à l'arrivée des visiteurs, et compte-tenu de la météo très favorable ils devraient être très nombreux. D'ici-là, profitons-en pour visiter le village et les différentes stands aux thèmes parfois éloigné de l'aviation. On découvrira par exemple au détour d'une allée une exposition de motos datant de l'entre-deux-guerre dont plusieurs construite par la compagnie Gnome & Rhône qui deviendra par la suite SNECMA puis Safran. C'est l'une des première société spécialisée dans la constructions de moteurs d'aéronefs. Depuis la naissance de l'aviation, leurs moteurs ont propulsé les appareils les plus prestigieux, du Nieuport de 1914 au Mirage. C'est également un moteur de cette société, le "Vulcain", qui propulse jusque dans les étoiles la fusée Ariane 5. Ce moteur était exposé aux côtés du "M-88" du Rafale et de moteurs historiques de la firme datant du début du XXème siècle. Toujours tourné vers le futur, on peut voir quelques pas plus loin l'un des premiers avions à propulsion électrique : le "cri-cri", propulsé par quatre moteurs alimentés par 25 kg de batteries situés sous le siège du pilote et qui lui donne une autonomie d'une demi-heure. On reverra cet appareil en vol totalement silencieux un peu plus tard dans l'après-midi.
Place au temps des hélices! Après la traditionnelle ouverture par les parachutistes de l'Armée de l'Air, nous voila en 1914. Le ciel se retrouve envahi de machines semblant sortir tout droit de l'oeuvre de Léonard de Vinci. Tour à tour chasseur ou gibier, chaque pilote, à bord de son Fokker, Spad ou Caudron tente d'éliminer son adversaire... De simple curiosité ou divertissement peu de temps avant, l'avion est très vite devenu une arme incontournable. Pendant ces quatre années de guerre dans le ciel de Verdun, de la Marne ou d'ailleurs ainsi que dans tous les ateliers, l'aviation fera de rapides progrès.
La paix succédera à la guerre et l'aviation vivra ses années folles. Démobilisée, les pilotes et ingénieurs se tourneront vers le civil et ce sera la naissance de ce qu'on appelle aujourd'hui l'aviation commerciale. Étrange attelage que ce Sirosky S-38 : Un yacht qu'aurai capturé un dragon. Conçu dans les années 1920 cet avion amphibie sera l'un des premiers appareils à assurer des liaisons régulières. Il est également star d'Hollywood depuis son apparition dans le film "Aviator" en 2004. Années folles également pour de nombreux cascadeurs qui, dans les meetings des années 1930, prenaient tous les risques pour épater le badaud. Aujourd'hui ce sont les WingWalkers, digne héritières de ces fous du ciel qui assurent le spectacle. Juchées sur l'aile haute de leurs Boeing Stearman les "Breitling Girls" exécutent une revue digne du Crasy Horse ou du Moulin Rouge sous les applaudissements d'un public conquis.
Mais les avions qui prennent l'air en ces folles années ne sont pas tous les ancêtres de nos liners ou d'innocents cabarets volants, certains porteurs d'une croix noire reviennent assombrir le ciel. Spitfire, Morane 406 ou Mustang les affrontent pour obtenir la supériorité aérienne et défendre la démocratie. Ce que Pierre Clostermann appellera "Le Grand Cirque" n'a plus rien à voir avec les performances des acrobates volants; canons et mitrailleuses rugissent dans le ciel de Dunkerque, de Pearl Harbor, de Londres ou de Koursk, bataille où s'illustra le "Neu-Neu" ou Normandie-Niemen, groupe de chasse formé de pilotes de la France Libre, envoyé combattre sur le front de l'est par le Général de Gaulle. Figures de voltige, simulations de combats tournoyant se succèdent à un rythme effréné sur fond d'effets pyrotechnique des plus réaliste.
Mais la guerre aérienne ne se limite pas à la chasse et au bombardement; c'est aussi la reconnaissance et l'observation. C'était même la toute première mission de l'aviation dans le premier conflit mondial. L'un des appareils de reconnaissance le plus connu est le P38 Lightning; c'est à bord d'un avion de ce type qu'a disparu Antoine de Saint Exupery le 31 Juillet 1944 au sud de Marseille.
"Éclatement... Top!" grésille sur la fréquence. C'est au tour de la Patrouille de France de zébrer le ciel d'éphémères arabesques. Vol (très) rapproché, croisements pour ne pas dire frôlement, éclatements, regroupements en formes géométriques variées... L'espacement entre chaque Alpha-jet est inférieur à l'envergure de l'appareil. Nerfs d'acier et extrême concentration sont des qualités indispensable pour les pilotes de cette formation.
La Marine Nationale présentera deux Super Étendard et en clôture du meeting, l'Armée de l'Air présentera le Rafale A, appareil Multirôle en service aussi bien dans l'Armée de l'Air que dans l'Aéronavale mais qui écourtera malheureusement sa prestation après avoir étouffé son moteur droit.
Le terrain se vide et les avions regagnent leur terrains d'attache, et là, au détour d'un chemin, D-Day ! On se retrouve en 1944, quelque part entre Juno Beach et Falaise au milieu d'un camp militaire américain installé à l'ombre d'un Dakota. Tentes, cantonnement des officiers, faisceaux de sacs et parachutistes prêt à embarquer... Tout est là. Même le grondement des "warbirds" au départ nous rappelle ce qu'ont pu vivre ces jeunes américains venus se battre pour la France. Ce camp à été entièrement reconstitué par l'association "Enfer Normand" qui entretient par son action notre devoir de mémoire.
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Dassault Rafale A
Les WingWalkers et leurs Boeing Stearman
Super-Etendard de l'Aéronavale.
Curtiss P40 - Décollage sous les bombes
La Patrouille de France
Bleriot XI
Tora! Tora! Tora!
Le DC-3 conçu dans les années 1930 et toujours utilisé aujourd'hui
Fokker Dr1
Le Cri-cri électrique lors de son vol aussi discret que celui d'une chouette
P51 Mustang, un des meilleurs avions de la seconde guerre mondiale
Kiss !